Mis à part les artifices pictorialistes et esthétisants qui en émane au premier abord, ces images ne sont que la mise en boite de lieux, la reproduction imparfaite d’un morceau de paysage. Il s’agit donc d’images effectuées avec un sténopé : une simple boite percée d’un trou.

L’acte photographique est un peu hasardeux, il se fait au petit bonheur la chance, la boite est posée sans voir le cadrage, et lorsque le morceau de scotch noir servant d’obturateur est retiré, cette curieuse machine aspire le lieu, le déformant et le rendant différent, imposant ce flou comme une signature ou comme une marque de fabrique résignée.

C’est la boite qui interprète ce qui est photographié, qui le « voit mal », subissant les contraintes et les aléas techniques autant qu’elle les rend inévitables et péremptoires. Mais l’injustice de l’image photographique transforme parfois le raté en réussite, l’imperfection en charme, en étrangeté…

C’est ainsi, que cet appareil imparfait nous surprend à produire des images un peu farfelues, un peu surréalistes et empreintes d’une certaine poésie de l’imprécis.