Nous n’avons plus de contact sensible avec le monde qui nous entoure. Le vingtième siècle aura vu l’avènement d’un mal sournois et généralisé. Il ne dit pas son nom. Il nous divertit et nous donne à foison ce qu’il nous a appris à désirer. Nous avons appris l’amour de nos chaînes et de notre aliénation.

Ce mal a rendu impensable son alternative. Il a si bien ancré ses œillères sur nos yeux qu’elles nous sont devenues invisibles. Nous les avons acceptées et avec elles nous avons accepté de ne plus nous révolter, de ne plus nous émouvoir du sort des autres, de toujours détourner le regard de ce qui devrait nous faire pleurer, bondir, hurler. Nous avons accepté de supprimer nos traits de caractères véritables pour pouvoir nous insérer dans ce monde matérialiste. Nous acceptons tous les jours des degrés divers de violence physique et morale.

Ce mal, crise après crise a pourtant été totalement mis à nu. Il se tient aujourd’hui en pleine lumière. Et son cynisme va jusqu’à ne même plus essayer de nous cacher son visage monstrueux puisqu’il nous sait suffisamment aliénés. Il sait que nous ne nous dresserons plus pour ce que nous croyons juste, que nous ne nous rebellerons plus contre aucune autorité, que nous nous laisserons imposer des lois pour lesquelles personne n’a voté, que nous persisterons à lire, croire, agir et penser selon ce que nous disent des médias exsangues. Il sait que nous continuerons à consommer, à travailler toujours plus pour payer tout toujours plus cher, que nous resterons assis à sa botte sans jamais adresser la parole à notre voisin.

Cette dictature est en phase de déclin et de décrépitude et emmène le monde entier vers un futur dont plus personne ne peut ignorer la noirceur.

Mais au plus profond de nos cœurs une phrase résonne comme un mantra. Un mantra qui construit déjà la résilience et le monde de demain.

« Rien ne peut arrêter une idée dont l’heure est venue. »