C’était au cœur d’un hiver personnel. L’avenir était impossible, une angoisse sourde et féroce recouvrait tout mon être. Un engourdissement implacable, un silence éternel trônaient victorieux sur mes jours et mes nuits.

Un matin, au travers d’une fenêtre encore ouverte, mon âme hagarde a croisé le regard de ce brouillard : symbole parfait de mes horizons bouchés.

Poussé par une obscure pulsion, tenant autant du sursaut vital que de l’ultime geste désespéré, je suis allé errer dans ces paysages muets, dans ces forêts glacées.

Libéré, empreint d’un soulagement soudain et ambivalent, j’ai saisi avec mon appareil photographique la substance sans nom de mon quotidien.

Ce ne sont pas des mots et des pensées qui ont commandé ces images. C’est un élan viscéral, ignorant l’heure, la faim et le froid.