Ces formes hantent un champs à proximité de chez moi. Je les ai découvertes formant un chapelet macabre, abandonnées à une solitude exsangue. De leurs dépouilles silencieuses et inertes émane un cri sourd et obsédant, un malaise qui nous atteint insidieusement. Elles nous fixent, nous dérangent, parlent la langue muette et révoltante des corps inanimés.

Elles sont un mémorial au présent. Érigé là par les circonstances arbitraires de la violence banalisée de l’homme sur le monde qui l’entoure. Ces corps mutilés nous hurlent au visage la violence de notre rapport à notre environnement. Nous savons précisément l’effet de notre activité et l’échéance du désastre. Et pourtant nous changeons si peu de chose à notre quotidien, nous cherchons davantage d’excuses que de solutions, restant confortablement installés dans nos vies, en nous berçant de l’illusion bien commode de notre impuissance.

Ces formes sont le mémorial de notre renoncement, de notre endormissement, du massacre auquel nous consentons tous les jours silencieusement.