Cette forêt, je la connais, je la crains.

Elle a été obstruée, emplie d’un brouillard bouchant l’horizon. Je m’y suis perdu. J’y ai passé du temps, prostré, immobile, résigné au silence et à l’obscurité.

Mais aussi impénétrable m’avait-elle parue, la lumière a fini par y percer. C’était une quête, un long cheminement. De continuer à chercher l’aube quand tout était recouvert de noir et de gris. Ce chemin, je n’aurais pas su le trouver seul. On me l’a montré. On me l’a appris. J’ai été épaulé, soutenu.

Et une fois l’éclaircie installée, une fois la chaleur et le sens retrouvés, une fois tenue la promesse de l’aube, de réaliser que cette forêt comme cette lumière, sont en moi. À présent je vois qu’elles seront toujours là. L’une et l’autre. Et je n’ai plus peur. Je n’ai plus peur de la regarder, cette forêt, de la sentir présente en moi. Je n’ai plus peur de m’y rendre.

Car aujourd’hui, si le brouillard venait à se lever à nouveau, si les horizons venaient à nouveau à se boucher.

Je connais le chemin. Je sais où aller.